A
PROPOS DU LANCON
Hyperoplus
lanceolatus, communément appelé le grand lançon,
est un poisson marin allongé, vivant principalement dans les
eaux côtières de l’Atlantique Nord-Est, de la Norvège
au Portugal, incluant la mer du Nord et la Manche. Il fréquente
les zones sableuses peu profondes, où il s’enfouit rapidement
en cas de danger. Le lançon joue un rôle écologique
majeur, servant de proie à de nombreux poissons prédateurs
(morue, lieu, bar, maquereau, etc.), oiseaux marins et mammifères.
Il est aussi recherché par les pêcheurs, tant professionnels
qu’amateurs, pour différents usages (appât, consommation,
recherche scientifique). La pêche du lançon nécessite
des techniques adaptées à son comportement fouisseur
et grégaire.
Pêche
récréative du lançon
a) Pêche à la ligne légère
La pêche à la ligne légère, depuis la plage
ou des jetées, consiste à utiliser de petits hameçons
appâtés (souvent avec des vers marins ou des morceaux
de poisson) pour capturer les lançons. Les pêcheurs utilisent
des montages de type « sabiki » (grappes de petits hameçons)
ou de petits leurres brillants, imitant le zooplancton ou les petits
invertébrés dont le lançon se nourrit. Cette
pêche est principalement pratiquée pour récolter
des lançons comme appâts, notamment pour la pêche
du bar ou du lieu.
b)
Pêche à la main ou à l’épuisette
À marée basse, lorsque les bancs de lançons s’enfouissent
dans le sable humide, il est possible de les capturer à la
main ou à l’aide d’une épuisette. Les pêcheurs
repèrent les traces de leur passage ou les petits remous dans
le sable, puis creusent rapidement pour les saisir avant qu’ils
ne s’enfoncent plus profondément.
c)
Pêche à la fourche
Dans certaines régions, les pêcheurs utilisent une petite
fourche ou un outil similaire pour extraire les lançons du
sable. Cette technique demande de la rapidité et de la précision,
car le lançon s’enfouit très vite à la
moindre alerte.
Utilisation
du lançon
a) Appât pour la pêche sportive
Le lançon est très recherché comme appât
vivant ou mort pour la pêche de nombreux carnassiers marins.
Sa forme, sa vivacité et sa résistance sur l’hameçon
en font une proie idéale.
b)
Consommation humaine
Dans certains pays, le lançon est consommé frit, séché
ou fumé. Cependant, son usage principal reste l’appât
et la farine de poisson pour l’aquaculture et l’alimentation
animale
Pêche
professionnelle du lançon
a) La senne de plage
La senne de plage est une technique traditionnelle employée
surtout dans les régions où les bancs de lançons
s’approchent du rivage. Elle consiste à déployer
un grand filet rectangulaire (la senne) depuis la plage ou une embarcation
légère, puis à l’entourer autour d’un
banc de poissons. Les pêcheurs ramènent ensuite les extrémités
du filet vers la plage, piégeant les lançons à
l’intérieur. Cette méthode est efficace lorsque
les lançons se rassemblent en grand nombre près du littoral,
généralement lors de la reproduction ou à marée
montante.
b)
Le chalutage de fond
Le chalutage de fond est la technique industrielle dominante pour
la pêche du lançon, notamment au Danemark et au Royaume-Uni.
Un chalut (grand filet en forme d’entonnoir) est traîné
sur le fond sableux par un ou plusieurs bateaux. Les lançons,
surpris, tentent de s’enfouir, mais le passage du chalut les
capture. Les chaluts utilisés sont adaptés pour limiter
l’impact sur le substrat, mais cette méthode reste controversée
en raison des risques de perturbation des habitats benthiques et de
prises accessoires (bycatch).
c)
La drague
La drague est une technique moins courante mais parfois employée
localement. Il s’agit d’un engin métallique raclant
le fond sableux, permettant de déloger les lançons enfouis.
Cette méthode est très sélective mais peut endommager
les habitats benthiques si elle est mal utilisée.
d) Filets maillants
Les filets maillants sont parfois utilisés près des
côtes ou dans les estuaires. Ils sont tendus verticalement et
capturent les lançons lorsqu’ils tentent de traverser
le filet. Cette technique est peu répandue pour le lançon,
car ce poisson a tendance à s’enfouir plutôt qu’à
nager à hauteurs d’eau.
Aspects
écologiques et réglementaires
a)
Rôle écologique du lançon
Le grand lançon occupe une place centrale dans la chaîne
alimentaire marine. Sa surpêche peut avoir des conséquences
sur les populations de poissons prédateurs et d’oiseaux
marins qui en dépendent. Par exemple, les morues, lieus, bars,
maquereaux et certains oiseaux comme les sternes ou les macareux sont
très dépendants des bancs de lançons pour leur
alimentation, notamment pendant la saison de reproduction.
b) Gestion et quotas
La pêche industrielle du lançon est soumise à
des quotas stricts dans de nombreux pays (notamment au Danemark, principal
producteur européen), afin de préserver la ressource
et d’éviter les déséquilibres écologiques.
Des périodes de fermeture sont instaurées pendant la
reproduction. Les engins de pêche doivent respecter des tailles
minimales de mailles pour éviter la capture de juvéniles.
c)
Impact environnemental
Le chalutage de fond et la drague peuvent avoir un impact significatif
sur les fonds marins, en détruisant les habitats benthiques
et en remettant en suspension les sédiments. De plus, la pêche
intensive du lançon peut entraîner une diminution de
la ressource disponible pour les prédateurs naturels. La gestion
durable de cette pêche est donc essentielle.
Conclusion
La pêche du **Hyperoplus lanceolatus** mobilise des techniques
variées, adaptées à son mode de vie grégaire
et fouisseur. Que ce soit à l’échelle industrielle
(chalutage, senne) ou artisanale (pêche à la main, à
la ligne), chaque méthode présente des avantages, des
contraintes et des impacts écologiques spécifiques.
La préservation du lançon, ressource clé de l’écosystème
marin, dépend d’une gestion raisonnée des pratiques
de pêche. Les pêcheurs, professionnels ou amateurs, sont
ainsi encouragés à privilégier des techniques
sélectives et à respecter la réglementation en
vigueur pour garantir la durabilité de cette espèce
essentielle.