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LES TECHNIQUES DE PÊCHE EN EAU DOUCE

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la pêche du gardon en rivière


Bien que sa pêche reste très traditionnelle dans notre pays, le gardon devient malheureusement de plus en plus rare dans certains secteurs. Que faire pour le tromper lorsque sa prise devient plus difficile dès les fortes chaleurs passées.

LA GRANDE RIVIERE.
La pêche en « grande rivière » est quelquefois un véritable dilemme pour le pratiquant qui se trouve désemparé par la configuration de ce cours d’eau qui n’est pas un fleuve, mais qui lui ressemble beaucoup, hormis le volume d’eau déplacé.
Cet aspect visuel de la rivière se résume en quelques points.
Tout d’abord sa largueur qui peut varier de 40 à 60 mètres, suivant la plaine où elle serpente.
Son débit, est certes relativement lent, mais il s’accélère plus on pêche vers le centre du lit.
L’autre aspect, moins concret visuellement, concerne la profondeur qui varie suivant son cours.
Ainsi elle sera généralement plus profonde dans l’extérieur des courbes et sa vitesse relative aura tendance à s’accélérer. Les pluies et les orages creusent le pied de la berge suivant les courants de fond.
Le pêcheur devra donc choisir un secteur régulier en profondeur et en vitesse pour pouvoir réaliser une cession en toute quiétude.

Si le parcours présente quelques herbiers, il pourra profiter de cette situation favorable pour la pêche à la ligne flottante et ainsi tirer son épingle du jeu…. Le jeu étant bien sur de tromper les poissons résidents.
La situation devient plus compliquée quand il s’agit de sélectionner une seule espèce… enfin si possible.
La dernière difficulté, et pas la moindre, est la climatique ponctuelle de la saison qui agit directement sur l’eau et par conséquence directe sur le comportement des poissons. Souvent plus turbide, la rivière peut aussi s’accélérer suivant les précipitations de l’amont.
Malgré tout cela, l’automne est une excellente saison pour tromper la vigilance des poissons qui doivent se créer une bonne enveloppe de graisse avant l’hiver.
Un étape de forte activité, parfois même frénétique, que le pêcheur d’automne va mettre à profit pour réaliser quelques bourriches remarquables !

LES MATERIELS.
Pour satisfaire aux diverses facettes de la pêche au coup à la ligne flottante, vous avez le choix entre deux techniques différentes, utilisant deux matériels distincts, mais ayant le même principe dans la tactique de pêche, l’utilisation des esches et la réalisation de l’amorçage.

C’est le budget et l’encombrement du matériel (ou votre engouement passion pour cette technique) qui guident vos pas.
Dans le premier cas, la canne à emmanchements de 11 mètres, permet une conduite de ligne extrêmement précise sur le coup. Nul doute que ce matériel est parfaitement adapté à une pêche de gardons, poissons reconnus comme étant méfiants de nature. Ce matériel est plus coûteux, demande un effort physique supplémentaire en cas de vent et oblige le pêcheur à se pourvoir d’un équipement annexe important pour satisfaire aux besoins de cette formule. Un ponton est souvent obligatoire pour manœuvre les éléments de canne en toute sécurité ainsi qu’un rouleau à déboîter, placé derrière le pêcheur. Un support bourriche et un siège stable compléteront cet équipement de base.
Dans le second cas, la canne télescopique de 5 à 7 mètres, si elle ne possède pas la précision de la dérive, est plus fiable et rapide dans une configuration de touches rapprochées. Cela est souvent le cas dans la première partie de la pêche, lorsque la friture prend l’appât à la descente, bien avant que l’amorce n’attire « Rutilus Rutilus » vers le fond. Cette canne s’avère tout aussi efficace lorsque les gardons sont rassemblés et s’intéressent vivement à votre appât et elle se joue relativement facilement de conditions légèrement venteuses si le flotteur est parfaitement adapté aux situations de pêche.
Ici aussi la bourriche fixée sur une pique plantée dans le sol est obligatoire pour préserver les prises et un siège suffisamment confortable complétera l’indispensable du « gros matériel ».

L’AMORCE.
Il existe aujourd’hui dans le commerce des amorces spécifiques par espèces, toutes prêtes à pêcher ! Depuis de longues générations, les pêcheurs tentent de découvrir une recette prodigieuse qui permettrait d’attirer plus de poissons chez eux plus que chez le voisin.


Il faut bien se rendre à l’évidence, la « recette philosophale » n’existe pas même si l’on connaît mieux aujourd’hui la fonction des ingrédients qui composent une amorce et qui sélectionnent une espèce plus qu’une autre. Ceci se résume en quatre facteurs distincts : la couleur, la granulométrie, l’effet mécanique et son goût.
Une bonne amorce à gardons en rivière lente est plutôt sombre, d’une granulométrie fine, pauvre en éléments nutritionnels, sucrée en été et amère/salée en hiver. Si le débit augmente, alors il vous faudra l’alourdir avec de la terre ou la lier avec une farine végétale collante comme le PV1 ou le Blanc de Blanc. Mieux encore la babytéïne qui colle les particules pour le lancer des boulettes mais qui ensuite travaille sur le fond en libérant des particules qui remontent vers la surface en traversant toutes les couches de l’eau.
Dans tous les cas le pêcheur doit s’adapter à la situation de l’instant et modifier au dernier moment son amorce de base. L’amorce doit bien se tenir, la trace des doigts apparaître quand elle est serrée. Lorsque la boule tombe sur le sol, elle doit se briser sans s’éparpiller.
L’effet mécanique des farines qui composent votre amorce doit toujours être en corrélation avec la densité de la couche d’eau et… la météo.
Plus la profondeur est importante, plus l’eau coure, plus votre amorce doit atteindre rapidement le fond. Du liant lourd sera donc nécessaire (terre, sablon, bentonite etc…).
Plus la température est basse, plus votre amorce doit être sombre et être faible en éléments nutritifs. L’ajout de terre appauvrit votre mélange tout en attirant néanmoins les poissons par les esches ou les graines incorporées à l’amorce. Dans ce dernier cas, l’amorce ne sert que de « moyen de transport » à vos appâts.

Il est recommandé d’ajouter un additif pour « booster » votre préparation. Cet additif a pour tâche de sensibiliser le système olfactif des poissons situés à l’aval pour les réunir sur votre coup situé face à vous.
En automne, un peu d’amande amère liquide ou de farine de coriandre sont deux éléments qui s’associent, indépendamment, avec le mélange initial. Votre choix est celui de l’expérience acquise.
Il semble également que le chènevis moulu cuit, accélère le processus d’appétence et qu’il favorise la fragrance des farines. Eté comme hiver, il est un excellent partenaire pour attirer les gardons. A ne pas négliger dans toutes vos conceptions personnalisées.

COMMENT AMORCER
Après avoir sélectionné les farines qui composent votre amorce et procédé à un mouillage parfait (voir photos) vous ajoutez une mesure d’appâts vivants pour accoutumer les gardons à cette esche qui n’est pas une proie naturelle dans la rivière, mais qui lui ressemble. Habitué à rechercher des larves d’insectes aquatiques, le gardon est en quête de subsistance en ce début de froidure et il ne rechigne pas à s’alimenter de pinkies et d’asticots, nourriture abondante et providentielle offerte par le pêcheur.
A la grande canne, le pêcheur positionne son flotteur exactement sous le scion pour attirer précisément les gardons à cet endroit. Des boules de la taille d’une petite orange sont lancées à hauteur du scion. Le rappel de boulettes interviendra beaucoup plus tard si nécessaire.

Ces boulettes seront moyennement serrées pour se désagréger lentement tout en atteignant le fond. En action de pêche le pêcheur positionne son flotteur sous la canne, retient la ligne par un pompage léger pour la ligne à retenir ou laisse dériver plus lentement que le courant pour la ligne à passer.
C’est exactement le contraire qu’il convient de faire pour l’amorçage avec la canne télescopique. La dérive est plus importante elle permet une prospection latérale sur toute la longueur de la coulée. Plusieurs boules moyennes sont lancées dans une lignée perpendiculaire à la rive et de minuscules boules de rappel peu serrées sont lancées à chaque coulée. Le pêcheur laisse dériver son flotteur, opère une légère retenue puis recommence plusieurs fois dans cette dérive. La touche intervient souvent lorsque l’appât se repositionne à ras du fond.

LES LIGNES.

Deux lignes par techniques de pêche, une souple à « passer » et une un peu plus lourde pour « bloquer ».
Grande canne à emboîtements, constitution de la ligne à passer :
Bannière est courte (80 cm), nylon en 10/100, flotteur droit (LOMME) supportant 1.00 gr.
Ce flotteur permet de réunir deux critères essentiels : stabilité et sensibilité. Il retransmet rapidement la touche à l’enfoncement, au relevé voir au déplacement latéral.
La plombée principale de 6 à 7 plombs est groupée à 60 cm du nœud de raccordement avec 2 plombs intermédiaires n° 8 à 35 cm et un plomb de touche n° 10. Bas de ligne en 8/100 de 30 cm, hameçon nickelé fin de fer n° 20.
Pêcher en retenant très légèrement, l’hameçon doit frôler le fond en laissant la ligne suivre le fil du courant.



Grande canne à emmanchements
Constitution de la ligne à bloquer :
Bannière est courte (80 cm), nylon en 12/100, flotteur trapu (LORIE) supportant 1.50 gr. Ce flotteur tient bien dans la vague. Son antenne en plastique et sa quille carbone sont parfaitement adaptées à cette dérive contrôlée. La plombée principale de 5 à 6 plombs est groupée à 50 cm du nœud de raccordement avec 1 plomb de touche n° 8. Bas de ligne en 10/100 de 25 cm, hameçon nickelé fin de fer n° 18.
Le simple blocage de la ligne soulève l’appât qui traîne sur le fond. La touche est très souvent latérale et il convient de ferrer en ramenant le scion exactement au-dessus du poisson.

Canne télescopique
L
a ligne à passer :
La ligne fait la longueur de la canne moins 50 cm à 70 cm, ceci suivant la flexibilité du scion. Nylon en 10/100, flotteur olive allongée (EDGAR) supportant 1.00 gr. Ce flotteur tient bien dans le courant et son antenne plastique forte lui offre suffisamment d’attraction dans la pellicule de l’eau pour dériver parfaitement dans la coulée. Sa quille métallique lui confère une très bonne stabilité et favorise l’enfoncement à la touche. La plombée est réalisée par une olivette située à 60 cm du nœud de raccordement, bloquée par deux cendrées, puis 1 plomb intermédiaire à 20 cm et un autre plomb de touche n° 8 au nœud de raccordement. Bas de ligne en 8/100 de 15 cm, hameçon bronze n° 18.
Cette ligne est utile lorsque le courant est faible, le poisson peu méfiant et lorsqu’il prend l’appât en décollé. Rechercher à quelle hauteur se trouve les gardons qui ont toujours tendance à se « balader » au gré des appâts qui naviguent entre deux eaux suivant leur densité ou les coups de nez des poissons de fond dans l’amorce.
Malgré tout, cette ligne a le désavantage de revenir vers la rive si le cours s’accélère ou si le vent est contraire.

La ligne à bloquer :
Comme pour la précédente, la ligne fait la longueur de la canne moins 50 cm à 70 cm. Nylon en 12/100, flotteur olive (FIONA) supportant 1.50 gr.
Ce flotteur technique est idéal pour la pêche en rivière lente. L’antenne doit être immergée du tiers pour permettre une présentation stable de l’esche et il suffit de tenir la ligne pour relever le flotteur jusqu’au bas du corps pour obtenir un léger ralentissement puis un arrêt suffisant pour bloquer l’esche sur le fond. La plombée est réalisée par 6 à 7 plombs 50 cm du nœud de raccordement avec 1 plomb de d’équilibrage n° 11 au-dessus de cette plombée et un plomb de touche n° 8 sur le nœud de raccordement. Bas de ligne en 10/100 de 30 cm, hameçon nickelé n° 18. Un blocage trop marqué ramène également la ligne vers la berge. Pour créer une parfaite coulée, la solution est d’amorcer parallèlement à la berge en suivant le courant, soit la longueur de canne et non pas de pêcher plus loin que cette même longueur comme on pourrait le faire en étang.

Pour ce dossier, je me suis rendu sur un site témoin à la fin du mois d'octobre, avec les caractéristiques suivantes :
- Largeur du cours d’eau 60 mètres.
- Vitesse lente, environ 3 km/h.
- Profondeur à 7 mètres : 1.60 m et à 11 mètres 1,80 m.
- Fond régulier de couleur plutôt brune.
- Présence d’herbiers sur le fond.
- Vent moyen, soufflant de l’aval vers l’amont.
- Temps ensoleillé sur le secteur.
- Pêche de 10 à 14 heures pour un éclairage latéral satisfaisant.

CONCLUSIONS.
La pêche à la canne à emmanchements est une canne très polyvalente mais mieux adaptée aux pêches plus soutenues des pères gardons !
- Avec la ligne souple à passer, les gardons étaient de tailles plus modestes mais plus nombreux. Les touches franches étaient surtout décollées à 30 cm du fond.
- Avec la ligne à bloquer, en 1.50 gr, les poissons tanqués sur le fond étaient moins nombreux, mpais plus gros, notamment quelques jolis pères gardons de 200 grammes, mais les hybrides et les brèmes semaient la discorde dans la fréquence des prises.
La pêche à la canne télescopique n’a pas déméritée même si les prises sont plus modestes. Par contre les gardons sont plus nombreux.
- C’est la ligne à passer qui a fait merveille, notamment en fin de coulée.
- La ligne à bloquer fut nettement moins efficace, la ligne ayant tendance à revenir vers la berge.
Il est évident que la pêche automnale à ses charmes, surtout si le pêcheur dispose de temps disponible aux belles heures chaudes de la journée.
L’appât roi de la saison reste toujours l’asticot, l’accoutumance à la graine (blé ou chènevis) n’est pas propice aux conditions de pêche de cette saison semble-t-il sur ce parcours.
Le petit ver de terreau n’a pas enthousiasmé les gardons, seule 2 belles brèmes ont succombées à son attraction. En conditions plus sévères, le froid venant, le ver de vase devrait être plus sélectif et attractif.

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