PÊCHE DE LA TRUITE AU TOC
Le toc aux esches naturelles est très efficace dans les rivières peu profondes et aux courants de lents à soutenus. Pour pratiquer cette pêche, vous devrez prospecter la rivière en recherchant une dérive toute naturelle dans les veines d’eau. L’important sera de proposer à la vue du poisson un appât semblant libre de ses mouvements, emporté par le flux de la rivière.

Vous pêcherez de l’aval vers l’amont pour ne pas éveiller la méfiance des truites.
Mais avant il convient de trouver quel est l’appât présent dans la rivière. Pour le savoir, le tamis est un accessoire précieux qui vous permettra de déterminer quelles sont les mouches, les larves, les vers incontournables et ce suivant la saison.
Vous pouvez également utiliser des teignes, bien qu’elles n’existent pas dans la rivière mais elles représentent une larve « d’ensemble ».

Le matériel
Les premières cannes « à la Sempé » mises au point pour cette technique datent des années 1990 et si aujourd’hui elles sont plus légères (de 165 à 200 grammes environ) elles sont aussi plus fragiles ne supportant évidemment pas les chocs.
La canne idéale est en carbone haut module de 3.60 à 4.20 mètres de trois à cinq brins.
De nombreux modèles sont déclinés dans ces longueurs, en action progressive à de pointe, permettant de lancer précisément l’appât, de conduire la ligne et de brider correctement le poisson.
Elles sont équipées d’anneaux mono-pattes Sic surélevés pour permettre au fil de glisser parfaitement, même lorsqu’il est mouillé. Leur nombre est variable mais une bonne compromission pour ce type de pêche est de 12 anneaux pour une canne de 3.90 m et de 16 anneaux pour une canne de 4.20 mètres.
La poignée en liège permet une excellente préemption

Le talon, doit d’origine, être renforcé par du caoutchouc pour résister aux chocs sur les cailloux.
La plombée sera donc adaptée aux contraintes de la veine d’eau pour que votre ligne passe à la même vitesse que le courant, sous peine de refus du poisson qui détectera une présentation anormale de l’appât.
Pêchez toujours dans le fil du courant… « un poisson n’a jamais vu un ver de terre traverser une rivière à la nage » me confiait Pierre Sempé.
Cela n’est pas faux !

Le montage
Si je devais résumer l’action de pêche pour obtenir une touche à la première dérive en déclenchant l’appétit de la truite, je dirais que la ligne doit
- passer à la même vitesse que le courant et au bon endroit
- que l’appât doit se présenter naturellement et à la bonne profondeur
- que le bon bas de ligne est un équilibre parfait entre le diamètre du nylon et le poids des plombs pincés sur le bas de ligne, sans oublier le poids de l’appât.
Vous réaliserez une bonne plombée pour obtenir cette présentation idéale, en pinçant des cendrées de taille 2 à 8 en début de saison.
Dès que les eaux seront plus basses, vous utiliserez des plombs plus petits, 10 et 11, notamment en période d’étiage, lorsque les eaux sont basses et que le courant est faible ou presque inexistant.

Le repère de ligne
Contrairement aux idées reçues le guide-fil ou «rigoletto» n’a pas pour fonction de supporter le poids du bas de ligne ou d’indiquer la touche.
Ceci est d’autant plus vrai que si cela était le cas il vaudrait mieux utiliser un micro-flotteur

Le guide-fil est utilisé pour suivre des yeux où passe la ligne et dans le même temps d’indiquer précisément la hauteur d’eau puisque le montage doit racler le fond. Il est donc amovible et même un morceau de laine peut suffire. C’est ainsi que j’ai commencé à traquer les truites du Giffre en Haute Savoie au tout début de mes apprentissages.

Le comportement de la truite
Pour déclencher la touche, une retenue du fil ralentit la ligne. Cela soulève très légèrement l’appât et le poisson s’en saisit bien avant qu’il ne retouche le fond et qu’il poursuive sa route vers l’aval.
Pour que la truite se saisisse de l’esche qui roule sur le fond, la dérive doit respecter l’évolution naturelle afin que l’appât n’évolue pas entre deux eaux de manière incohérente.

Ceci est votre préoccupation majeure… malgré le fil de nylon qui la retient, l’esche doit cheminer NATURELLEMENT sans s’accrocher aux obstacles.

En début de saison la truite fait peu d’efforts pour se saisir d’un appât et il ne faut pas hésiter à alourdir légèrement la ligne. Renoncez aux forts courants et recherchez les trous, les vasques, les plages et les caves sous les berges qui sont autant de postes qui abritent une truite à l’affût.
Entre fonte des neiges et le début d’étiage, lorsque les eaux froides se transforment en eaux d’été, le biotope de la rivière se modifie et la nourriture de la truite aussi. Ce légèrement réchauffement des eaux va faciliter la transformation des insectes et apporter à la truite de quoi s’alimenter dans une période où, justement, son activité lui demandera plus de nourriture. C’est certainement la meilleure période pour pêcher aux esches naturelles.
En été elle va devenir plus véloce. Elle gagnera en souplesse et en adresse pour devenir de plus en plus performante dans sa quête de nourriture. Elle aura multiplié ses capacités à chasser dans toutes les eaux de la rivière, ceci des plus calmes aux eaux les plus vives et tous les appâts seront bons pour elle, du plus petit au plus impensable parfois.Vous pourrez alors inspecter certaines veines d’eau qui n’avaient pas été prospectées.
Ceci se traduit par un allongement de la ligne pour aller chercher des pôles plus éloignés.

Soyez prudent
Combien de fois avons-nous envié ce poste de rêve au milieu du lit de la rivière qui nous permettrait de faire une belle coulée au ras du banc de sable léché par le courant. Ne vous aventurez jamais sur ce poste si vous n’avez pas de waders. Les eaux montent très rapidement dans les rivières de montagne (orage en amont ou délestage d’un barrage) et vous pourriez être très rapidement en difficulté.
D’autant plus qu’il y a de grandes chances pour que votre portable… soit hors de portée.